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Bleues - Emelyne LAURENT : « Ce serait bête de passer à côté »

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Emelyne Laurent n’a que 20 ans et 2 sélections en équipe de France, mais un franc parler qui la feraient presque passer pour une habituée du groupe tricolore. La Martiniquaise explique son émotion et sa détermination au moment de revenir à Clairefontaine, à un peu plus d’un mois de l’annonce de la liste pour la Coupe du monde.
Bleues - Emelyne LAURENT : « Ce serait bête de passer à côté »
Tu n’avais plus été appelée depuis le rassemblement de novembre. Comment as-tu pris les mots de Corinne Diacre à ton encore lors du dévoilement de la liste (« J’avais envie de la revoir », a-t-elle dit, NDLR) ?
J’étais contente forcément, parce que je retrouvais la sélection. Ça prouve aussi qu’elle a trouvé que j’avais fait des choses intéressantes. C’est à moi de prouver sur ce rassemblement, mais c’est de bon augure.

C’est une pression positive ou négative qui t’animes, du coup ?

Je suis quelqu’un qui met beaucoup de stress négatif habituellement. Sur ce coup je suis pourtant très sereine. Je me dis que j’ai des choses à montrer. De toute façon quand je me prends la tête je ne réussis pas, je perds mes moyens. Du coup là je vis le moment présent, parce que je pourrais passer à côté de quelque chose, et ce serait bête. Du coup je prends chaque entraînement comme si c’était le dernier, je suis à fond, concentrée sur les matches qui vont arriver. Si la sélectionneuse me fait rentrer bien sûr, mais je pense que si elle m’a fait venir, c’est quand même pour me voir. Si je suis sur le terrain, il faudra faire le travail, être efficace, appliquée, créer et faire des différences.

Que représente ce rassemblement pour toi ?
C’est une ultime chance de monter que je peux aller à la coupe du monde.

Justement, marquer un but pourrait peser dans la balance. Est-ce que c’est une idée qui t’obsède ?
Franchement, oui. Quand on est attaquante, on se doit de marquer forcément, donc si ça arrive là, tant mieux, ça voudra dire que j’ai apporté quelque chose. Ça peut aussi être autre chose, comme une passe décisive. Mais ce serait bien de marquer, de montrer ce que je peux faire.

Vous avez échangé ces derniers jours avec Marie-Antoinette Katoto ?
Non, mais je connais ce sentiment, c’est frustrant. Après elle a déjà montré pas mal de chose aussi, puisqu’elle est co-meilleure buteuse de D1 avec Ada Hegerberg, ses statistiques sont là, on ne va pas lui enlever ce qu’elle a déjà fait. Moi il faut que je montre encore, je n’ai pas encore marqué 18 buts en une saison !

Comment ça se passe chez les « grandes » ? Tu as trouvé tes repères ?

Je tâtonne encore un peu, mais je m’y retrouve (sourire) ! Les filles m’ont bien accueilli, j’en connais pas mal, elles sont très simples et très sympathiques, elles ne se prennent pas la tête. Sur le terrain évidemment il y a beaucoup de rigueur, on se donne à 200%. En dehors elles sont avenantes, elles viennent me parler, c’est facile de discuter avec elles et de trouver sa place. Je suis quelqu’un d’assez mature, vu que j’ai côtoyé pas mal de personnes plus âgées que moi, donc ce n’est pas non plus quelque chose qui me met mal à l’aise, je ne suis pas en retrait.

"à moi de lui prouver"
Tu vas chercher des conseils auprès d’elles, ou elles viennent t’en donner ?
Ça va dans les deux sens, mais je vais souvent leur demander quand j’ai des questions, je ne garde pas ce qui me tracasse, et je parle directement à la coach aussi. On parle beaucoup de tactique, notamment défensivement, puisque ce sont des petits détails qui vont faire la différence.

As-tu pu parler en tête-à-tête avec Corinne Diacre ?
Oui hier [lundi] soir. Elle m’a dit ce qu’elle avait déjà pu dire face à la presse, et que c’était à moi de lui prouver les choses, d’être appliquée.

Alors que tu avais déjà cherché à partir en prêt, sans succès, de l’OL l’été dernier, la porte s’est ouverte cet hiver du côté de Guingamp, où tu es arrivée fin janvier. Qu’est ce qui a changé ?
En revenant de la coupe du monde U20 j’ai un peu de temps de jeu, j’avais réussi à marquer c’est vrai, mais je me suis blessée ensuite, ça a été compliqué de revenir. Ensuite j’ai eu une discussion avec le coach qui m’a dit que ce serait compliqué lors de la deuxième partie de saison, qu’il ne comptait pas me faire jouer plus et on m’a proposé de partir en Bretagne. Comme il savait que j’avais déjà été en sélection A, il m’a permis de partir afin de retrouver du temps de jeu pour avoir mes chances.

Tu en sais plus sur ton futur après cette saison ?

Je discuterai avec l’entraîneur en fin de saison pour savoir s’il compte sur moi la saison prochaine, et en fonction on avisera, en tout cas c’est sûr que j’ai envie de jouer l’année prochaine.

Guingamp, ça change de l’OL ?
C’est sûr qu’il n’y a pas la même intensité aux entraînements, puisque c’est un club où toutes les filles ne sont pas professionnelles, les structures sont différentes également, mais c’est une équipe qui essaie de jouer et je m’y sens bien. J’y ai aussi retrouvé Sana Daoudi, avec laquelle je reste tout le temps (rires), même si on n’habite pas ensemble parce qu’elle était déjà en colocation ! L’équipe m’a très bien accueilli, l’En Avant c’est un club familial, je m’entends très bien avec le coach [Frédéric Biancalani], les dirigeants, ça se passe bien. Ils me donnent la confiance que j’avais envie d’avoir à Lyon, ça me permet de mieux m’exprimer sur le terrain.

Pour certains observateurs, il vaut mieux rester à Lyon, côtoyer des joueuses de très haut niveau toute la semaine à l’entraînement plutôt que de jouer dans un plus petit club de D1.
Ils n’ont pas totalement tort, c’est super de s’entraîner tout le temps avec les meilleures. Mais après la vérité dans le foot elle est sur le terrain. Si on ne joue pas, on n’a pas de rythme, et même si on compense ce ne sont pas les mêmes efforts. Au final c’est bien de jouer tous les week-ends, surtout quand on est jeune, ce n’est pas comme si j’étais en fin de carrière et que j’avais déjà fait mille choses. C’est comme ça qu’on apprend.

Tu sens que tu as progressé depuis ton arrivée en Bretagne ?
Devant le but, oui. On travaille beaucoup l’explosivité, comme à Lyon, mais pas de la même façon. Physiquement aussi je pense avoir progressé, on a de nombreuses séances de musculation, au moins deux fois par semaine, du gainage, ainsi que du travail spécifique, je me sens mieux.


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