Si vous demandez à un adepte de football féminin en quelle année s’est déroulée la première Coupe du monde féminine, il y a fort à parier pour qu’il vous réponde « 1991 ». Il n’aura pas totalement tort, mais il vous aura certainement donné cette réponse en pensant au Mondial féminin organisé en Chine par la FIFA. Oui mais voilà, de nombreuses Coupes du monde officieuses ont eu lieu bien des années avant cette date. Des tournois méconnus qui ont poussé la FIFA à organiser le Mondial chinois de 1991, la fausse bonne réponse de notre question initiale.
Saviez-vous que des dizaines de Coupes du monde féminines officieuses avaient été organisées aux quatre coins du monde entre les années soixante-dix et quatre-vingt ? Par « officieuses », nous entendons « non reconnues » par la Fédération internationale de football (FIFA). Cette dernière n’ayant eu d’yeux que pour le football masculin pendant des décennies. En témoigne le nombre d’années qui sépare les premiers Mondiaux masculins et féminins organisés par la FIFA : 1930 pour les hommes ; 1991 pour les femmes... Un gap de soixante-et-un ans qui n’a pas empêché certaines organisations indépendantes de mettre sur pied des tournois féminins aussi méconnus qu’extraordinaires.
L’impensable Mondial mexicain
Si la France peut accueillir la Coupe du monde en 2019, elle le doit sans conteste à des acteurs de l’ombre ayant œuvré pendant des années pour faire rayonner la discipline à travers le monde. Dans son ouvrage « Football féminin : les Coupes du monde officieuses », le journaliste Thibault Rabeux revient sur les tournois féminins fondateurs des années soixante-dix et quatre-vingt. L’une des compétitions les plus marquantes est sans nul doute celle disputée au Mexique en 1971. Un tournoi appelé Mundial qui réunissait six nations dont l’équipe de France. Trucage du tirage au sort, « sabotage » avant la demi-finale Mexique-Italie, joueuses anglaises plâtrées à l’issue d’un match, l’équipe d’Argentine privée d’entraineur... Les anecdotes de nos jours inimaginables liées au Mundial se comptent par dizaines. Et que dire de la finale Mexique - Danemark jouée au mythique stade Azteca de Mexico devant 110 000 spectateurs ? Une affluence qui, à l’aube du Mondial en France, reste un record pour un match de football féminin.
L’Italie, pionnière du football féminin
Le Mexique ne fut pas le seul pays à accueillir des compétitions internationales féminines non organisées par la FIFA. En Europe, l’Italie a considérablement œuvré au développement du football féminin. La Fédération italienne organisa de nombreux tournois baptisés Mundialito dans les années quatre-vingt. Des « petites Coupes du monde » qui réunissaient à intervalle régulier les meilleures nations du monde de l’époque comme l’Italie, l’Angleterre, la France, l’Allemagne ou encore les États-Unis. L’équipe américaine fut d’ailleurs créée dans la précipitation en 1985 après avoir reçu une invitation à participer à la troisième édition du Mundialito en Italie. Une première équipe US des plus contestables comme l’explique Thibault Rabeux dans son livre...
L’Asie, terre d’expérimentation du foot féminin
L’Asie de son côté n’est pas en reste non plus. Des organisations indépendantes comme l’Asian Ladies Football Confederation (ALFC) voient le jour à la fin des années soixante. Soucieuses de faire disputer aux footballeuses les mêmes compétitions que leurs homologues masculins, les femmes à la tête de l’ALFC mettent tout en œuvre pour organiser des tournois de football féminin. C’est ainsi que la première Coupes d’Asie féminine est créée en 1975, suivie trois ans plus tard par des tournois internationaux appelés Women's World Invitational Tournament. Ceux-ci sont organisés tous les trois ans à Taïwan de 1978 à 1987. Le Stade de Reims remporte la première édition dans des conditions dantesques avant d’être remplacée trois ans plus tard lors de la seconde édition par le FC Vendenheim, alors porte-drapeau français.
A l’ouest de l’île de Taïwan, en Chine continentale, d’autres tournois féminins commencent à voir le jour. Le plus mémorable étant probablement le Xi’an Women’s Tournament organisé en 1984. Ce dernier réunit huit équipes dont l’Italie, le Japon, l’Australie et la curieuse formation texane du Sting Soccer Club. Comme évoqué précédemment, les États-Unis n’ont pas eu d’équipe féminine nationale avant l’année 1985. Alors lorsqu’il fallait représenter les Stars and Stripes à l’étranger à l’occasion d’évènements internationaux avant cette date, la Fédération américaine envoyait sa meilleure équipe sur la scène nationale, le Sting SC. Une formation composée de joueuses toutes âgées de moins de dix-neuf ans et encore scolarisées. Un jeune âge qui n’empêcha pas l’équipe texane de triompher à l’issue du tournoi de Xi’an dans des conditions rocambolesques ! Un incroyable succès qui convainquit définitivement la Fédération américaine de créer une équipe nationale féminine. Pour d’obscures raisons, aucune joueuse du Sting Soccer Club ne fit partie de la première sélection retenue pour disputer le Mundialito italien en 1985...
A l’ouest de l’île de Taïwan, en Chine continentale, d’autres tournois féminins commencent à voir le jour. Le plus mémorable étant probablement le Xi’an Women’s Tournament organisé en 1984. Ce dernier réunit huit équipes dont l’Italie, le Japon, l’Australie et la curieuse formation texane du Sting Soccer Club. Comme évoqué précédemment, les États-Unis n’ont pas eu d’équipe féminine nationale avant l’année 1985. Alors lorsqu’il fallait représenter les Stars and Stripes à l’étranger à l’occasion d’évènements internationaux avant cette date, la Fédération américaine envoyait sa meilleure équipe sur la scène nationale, le Sting SC. Une formation composée de joueuses toutes âgées de moins de dix-neuf ans et encore scolarisées. Un jeune âge qui n’empêcha pas l’équipe texane de triompher à l’issue du tournoi de Xi’an dans des conditions rocambolesques ! Un incroyable succès qui convainquit définitivement la Fédération américaine de créer une équipe nationale féminine. Pour d’obscures raisons, aucune joueuse du Sting Soccer Club ne fit partie de la première sélection retenue pour disputer le Mundialito italien en 1985...
Le tournoi test de la FIFA
Par peur de perdre le contrôle du football féminin au profit d’organisations indépendantes comme l’ALFC par exemple, la FIFA se décide enfin à organiser une Coupe du monde « test » pour « évaluer la viabilité d’une future Coupe du monde féminine ». Celle-ci se déroule du 1er au 12 juin 1988 en Chine. Pour la première fois, une nation de chaque association continentale est représentée. C’est dans ce contexte que la Côte d’Ivoire dispute le premier match officiel de son histoire face au Pays-Bas le 1er juin 1988.
A noter qu’aucune phase éliminatoire n’a eu lieu avant le tournoi. Afin de promouvoir au mieux la discipline, les différentes associations ont fait le choix d’envoyer leurs meilleurs représentants. C’est la raison pour laquelle l’UEFA a sélectionné la Suède et la Norvège, respectivement championnes d’Europe en 1984 et 1987. Des choix arbitraires que l’on mettra volontiers sur le compte de la bonne cause ! D’autant que Suédoises et Norvégiennes se sont retrouvées en finale du tournoi, avec à la clé une victoire un à zéro de la Norvège.
« A l’heure du bilan, joueuses, organisateurs et spectateurs sont conquis. En 26 rencontres disputées, 81 buts sont inscrits, soit une moyenne d’un peu plus de trois réalisations par match. 360 000 spectateurs se sont rendus dans les différents stades et 200 millions de téléspectateurs ont visionné les huit matches retransmis en direct », peut-on lire dans le livre « Football féminin : les Coupes du monde officieuses ». Un bilan positif qui donna le feu vert à la FIFA pour organiser trois ans plus tard, en Chine toujours, la première Coupe du monde officielle de football féminin.
A noter qu’aucune phase éliminatoire n’a eu lieu avant le tournoi. Afin de promouvoir au mieux la discipline, les différentes associations ont fait le choix d’envoyer leurs meilleurs représentants. C’est la raison pour laquelle l’UEFA a sélectionné la Suède et la Norvège, respectivement championnes d’Europe en 1984 et 1987. Des choix arbitraires que l’on mettra volontiers sur le compte de la bonne cause ! D’autant que Suédoises et Norvégiennes se sont retrouvées en finale du tournoi, avec à la clé une victoire un à zéro de la Norvège.
« A l’heure du bilan, joueuses, organisateurs et spectateurs sont conquis. En 26 rencontres disputées, 81 buts sont inscrits, soit une moyenne d’un peu plus de trois réalisations par match. 360 000 spectateurs se sont rendus dans les différents stades et 200 millions de téléspectateurs ont visionné les huit matches retransmis en direct », peut-on lire dans le livre « Football féminin : les Coupes du monde officieuses ». Un bilan positif qui donna le feu vert à la FIFA pour organiser trois ans plus tard, en Chine toujours, la première Coupe du monde officielle de football féminin.
« Football féminin : les Coupes du monde officieuses »
L’aventure continue : revivez en détails les tournois féminins les plus marquants des années soixante-dix et quatre-vingt en découvrant l’ouvrage de Thibault Rabeux « Football féminin : les Coupes du monde officieuses ». Des récits inédits racontés par les joueuses de l’époque elles-mêmes que l’on aurait peine à imaginer de nos jours. Vous découvrirez également le long processus ayant conduit à l’organisation de la première Coupe du monde féminine de la FIFA en 1991.
« Football féminin : les Coupes du monde officieuses » par Thibault Rabeux. Disponible en version numérique et brochée sur Amazon.
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