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Channel: Footofeminin.fr : le football au féminin
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D1 - Sonia SOUID : "Etre joueuse professionnelle est un privilège"

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Connue pour avoir permis le premier transfert du football féminin avec Marie-Laure Delie, Sonia Souid est agent de footballeurs et footballeuses. Elle évoque pour nous la Coupe du Monde, son rôle d'agent et le championnat de D1 qui reprend dans quelques jours.
D1 - Sonia SOUID :
Quel bilan faites-vous de la Coupe du Monde et du parcours de la France ?
J'ai regardé tous les matchs de l'Equipe de France au minimum. Mais je ne m'intéresse pas qu'au football féminin français. J'ai suivi aussi les nations africaines et asiatiques parce qu'il y a certaines joueuses qui pourraient avoir leur chance en Europe que ce soit en France, en Allemagne ou ailleurs.
Pour le parcours de l'Equipe de France, c'est une déception de la voir éliminée en quart de finale car lors du match contre l'Allemagne, c'est l'équipe qui a produit le plus beau jeu. Elle méritait de remporter ce match. Après elle n'avait pas l'expérience d'une grosse équipe comme l'Allemagne et on a ressenti cela dans l'efficacité.

Cette Coupe du Monde reste un beau succès médiatique malgré tout ?
Oui mais on aurait pu se qualifier pour les demi-finales cela aurait été très important pour la France. On a l'impression que l'on est resté sur notre faim. Ce que j'ai remarqué depuis la France, c'est que les médias ont fait un effort pour suivre l'équipe de France. Cela fait plaisir. W9 a atteint des records d'audience lors de la retransmission des matchs. C'est prometteur car jusqu'à la Coupe du Monde 2019 en France, cela va continuer à prendre de l'importance.
Maintenant si on regarde l'exemple qu'est l'Allemagne, ils ont gagné des titres de Coupe du Monde, de Championnat d'Europe. Il nous manque un titre pour que cela dure dans le temps. Ensuite, les gens vont s'attacher à cette équipe de France, les suivre plus, ils seront fiers de cette Equipe de France. Et si on pouvait gagner le titre à la maison, ce serait encore plus beau, comme les Bleus en 1998.

"Aujourd'hui, un Euro investi, c'est un Euro de perdu"
D1 - Sonia SOUID :
Il y a aussi un effet avec l'arrivée de nouveaux clubs qui s'investissent aussi dans le football féminin ?
C'est une bonne nouvelle de voir la création de sections féminines à Bordeaux, à Lille. Tout cela est bien parce que je pense que pour développer le football féminin en France, on a besoin de l'aide de clubs professionnels comme Marseille, Lille, Bordeaux...
Ils apportent en terme d'images, c'est une réalité. Demain, s'il y a un Lyon - Bordeaux en football féminin, c'est accrocheur. C'est triste mais c'est une réalité. Même s'il y a des clubs historiques du football féminin que tout le monde connait comme Juvisy par exemple.
En terme de moyens aussi, car si les clubs masculins jouent le jeu, les filles peuvent bénéficier des infrastructures déjà en place. En terme de finances, un club masculin professionnel a forcément plus de moyens que les autres clubs. Après cela dépend de leur volonté d'investir dans le football féminin. Lyon et le PSG investissent, on peut y ajouter Montpellier maintenant des clubs comme Saint-Etienne n'a pas donné les mêmes moyens.

Mais cela peut-il continuer dans ce sens-là ?
Le potentiel public est aujourd'hui surtout avec l'équipe de France car lorsqu'elles vont en province, les stades sont bien remplis. Mais en D1 féminine, il ne faut pas se mentir, aujourd'hui, un Euro investi, c'est un Euro de perdu. Il n'y a pas encore le retour sur investissement qu'il pourrait y avoir dans le football masculin. Dans le football féminin, il y a déjà les droits TV, les plus-values que les clubs peuvent faire sur des joueurs. Cela n'a rien à voir avec celui de Marie-Laure Delie à 60 000 € ou celui de Griedge Mbock à 100 000 €. On est très très loin de ces montants-là.
Ensuite les sponsors, on est loin de ça. Il y a certains sponsors qui se sont intéressés au football féminin pour l'image qu'il véhicule avec un sport assez pur, un football hyper positif où les filles se donnent à fond, ne trichent pas. Cela peut attirer certains sponsors mais il faut travailler. Il y a aussi l'image de joueuses qui sont disponibles, qui restent souriantes, qui sont féminines.

"Le PSG et l'OL accordent des salaires de joueurs de Ligue 2"
D1 - Sonia SOUID :
Concernant l'arrivée des agents dans le football féminin, que peuvent-ils apporter ?
Les agents qui s'intéressent au football féminin sont de moins en moins rares. Quand je me suis intéressé avec mon partenaire Patrick Estèves au football féminin, il y a quatre ans, il y avait très peu d'agents. Aujourd'hui, il y en a beaucoup plus. Malheureusement, je pense que plus l'argent va arriver, plus les gens vont s'y intéresser, plus cela va être compliqué.
J'ai eu l'occasion d'échanger avec certaines Fédérations, certains dirigeants de clubs, on sent que plus cela se professionnalise, plus on peut avoir tendance à se perdre. Mais il ne faut pas oublier que les joueuses actuelles sont la première génération qui en profite. Il y a 20 ans, les joueuses n'avaient de salaire. Les joueuses de l'Equipe de France sont toutes privilégiées car certains clubs comme le PSG ou l'OL accordent des salaires qui sont ceux de joueurs de Ligue 2. Des joueuses pensent que cela est acquis alors que c'est très loin d'être acquis. C'est un privilège.

Le marché est aussi très limité aujourd'hui...
Lyon est aujourd'hui le club qui paye le mieux. Il n'y a pas un club en Allemagne qui paye autant ses joueuses. Certaines joueuses comprennent que c'est une chance mais ce n'est pas un marché ouvert parce qu'il n'y a pas beaucoup de clubs aujourd'hui qui peuvent offrir de tels salaires. Ca se compte sur les doigts d'une main.
Alors que les agents, il y en a énormément. Maintenant on remarque aussi que des agents qui ne réussissent pas dans le football masculin se réfugient dans le football féminin. Et comme les joueuses sont parfois naïves et influençables, cela devient n'importe quoi... Maintenant le gros de l'activité avec mon associé reste le football masculin.

"Je ressens un changement qui est plutôt négatif"
D1 - Sonia SOUID :
Comment vous êtes-vous intéressée au football féminin ?
Mais en tant que femme, et je représente aussi l'association "Femmes et Sports", je me suis toujours intéressée au football féminin, non pas pour gagner de l'argent, car ce n'est pas avec le football féminin que je vais en gagner. La plupart du temps, je ne prends pas de commission, je m'occupe des joueuses de bon coeur. Depuis quatre ans, je ressens un changement qui est plutôt négatif.
Les joueuses savent que je suis disponible, que je peux négocier leur contrat mais il n'y a pas d'engagement. Maintenant tout le monde sait, je suis intervenue sur des contrats comme Marie-Laure Delie, Jessica Houara d'Hommeaux, Amandine Henry, Laëtitia Tonazzi, Janice Cayman, Sandrine Brétigny, récemment à l'OM, Marina Makanza partie à Potsdam. Il y a beaucoup de joueuses qui me contactent, malheureusement on n'a pas forcément le temps pour toutes. Quand je suis disponible, je le fais avec grand plaisir. Négocier pour soi-même, c'est assez compliqué, surtout face à des personnes plus aguerries. Les joueuses préfèrent être accompagnées. Elles le sont toujours par leur ami, leurs parents mais après s'il y a un agent, c'est notre métier de négocier.

Le fait que vous soyez une femme peut-il changer aussi l'approche ?
Le fait que je sois une femme ne change rien. Mais il est important qu'il ait plus de femmes qui s'investissent dans le milieu du sport, qu'elles obtiennent des postes plus importants dans le sport mais aussi d'avoir des entraîneurs femmes dans le football masculin comme Helena Costa et Corinne Diacre. La seule façon pour nous de nous en sortir est d'être solidaires dans ce milieu. Je me suis par exemple retrouvé à faire signer un joueur au Red Star avec Pauline Gammere, Directrice Générale du Red Star (photo), c'est un moment hyper rare, et nous étions fières de ce moment.

Que pensez-vous du championnat de Division 1 qui va prochainement débuter ?
Le seul regret, c'est d'avoir un championnat très hétérogène, ce qui dessert l'Equipe de France. A part les confrontations des gros clubs que ce soit en Coupe ou championnat, c'est trop peu. Il faut absolument que cela s'arrête et trouver un moyen pour que les clubs soient plus compétitifs et qu'il y ait plus d'homogénéité. Mais c'est hyper compliqué. Lors d'une grande compétition internationale, cela se ressent. L'Allemagne a déjà un championnat beaucoup plus homogène avec quatre à cinq équipes qui peuvent prétendre au titre. Si on pouvait déjà arriver à cela, ce serait fantastique.


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