Il y a 40 ans, la FFF venait de lancer son premier championnat de France féminin. Le Stade de Reims s'imposait en finale 5-0 face à l'Arago d'Orléans. Souvenirs...
Emmenée par la capitaine Ghislaine Souef, la section féminine du Stade de Reims remporte en effet le premier championnat de France officiel lancée lors de la saison 1974-75, quatre ans après sa reconnaissance par les instances françaises. Un succès net en finale face à Arago Orléans (5-0) dans un stade Auguste Delaune où 3 000 personnes avaient pris place. Un succès logique pour des Rémoises qui avaient déjà mis sur pied une équipe hors norme quelques années auparavant. Pierre Geoffroy, journaliste sportif du journal local « l'Union » tentait à la fin des années 1960 de redynamiser l'esprit des « Femina Club » apparus au cours des années 20 en France, au sortir de la Grande Guerre, du temps où les femmes tâtaient le cuir pour la première fois, le béret basque vissé sur la tête.
Une petite annonce dans le journal
Au lendemain de la révolution de mai 68, Pierre Geoffroy qui est à la tête de la kermesse annuelle locale trouve une idée originale, comme on le lui demande, pour sa manifestation : un match de foot entre femmes ! Pour cela, il s'appuie sur les épouses et fiancées des joueurs du Stade de Reims afin de composer les équipes. Sauf que, comme leurs maris à cette période, peu savent taper dans un ballon. Loin d'être abattu par la faiblesse des conjointes, le journaliste passe alors une annonce dans son journal pour sauver la programmation de sa kermesse. Pierre Geoffroy reçoit en retour de nombreuses candidatures provenant de Reims et ses environs. La kermesse est une réussite d'autant qu'elle se déroule au stade Delaune devant 6 000 spectateurs en lever de rideau d'un Reims-Valenciennes, grâce à l'appui d'un dirigeant du club, le Dr Serge Batteux. Dans la foulée, les « Kopettes » demandent à leur mentor de monter un club entièrement féminin. Le journaliste accepte et le Football Club Féminin de Reims voit le jour. A la tête de l'équipe, Pierre Geoffroy multiplie les fonctions: entraîneur, manager, secrétaire.
Le tour du Monde
Rapidement l'équipe rémoise grandit, attire, et obtient des contrats à l'étranger pour une série de matches amicaux. En Tchécoslovaquie, en Belgique. Puis l'Italie, la Suisse, l'Angleterre... Les propositions affluent tant la renommée des filles n'est plus à faire aux quatre coins du Monde. En 1970, à la demande du visionnaire Serge Batteux, l'équipée rémoise rentre dans le giron du club phare des années 50-60. Le FCFR devient Stade de Reims section féminine et continue sa tournée à travers le globe. Aux Etats-Unis et au Canada à l'été 70, en compagnie des filles de la Lazio Rome. En 1971, les Stadistes représentent la France et participent à l'officieux championnat du Monde des clubs où elles foulent le stade Azteca devant 100.000 aficionados ! L'année suivante, elles se produisent en Indonésie dans un stade à nouveau plein, 60 000 spectateurs, malgré la retransmission télévisée du match. Puis c'est l'Espagne, et l'Irlande à Dublin en 1973. Le Stade en profite alors pour faire signer une jeune joueuse de 17 ans, Anne O'Brien, cousine de l'international irlandais et capitaine de Leeds Johnnny Giles. Un premier transfert depuis l'étranger qui appelle d'autres lointains déplacements comme aux Antilles et Haïti durant l'année 1974 devant des foules toujours aussi nombreuses à chacune de leurs rencontres.
Le Stade de Reims domine le premier championnat
Sur le plan national, les Stadistes sont invaincues depuis la création du club. En plus de 200 matches joués elles ne comptent que 23 défaites, toutes subies lors de leurs tournées à l'étranger. Les Rémoises dont la cadette, Isabelle Musset, a 15 ans et la doyenne, Marie-Louise Butzig, 30 - sont pour certaines ouvrières en dehors du carré vert. La majorité, étudiantes ou secrétaires et trouvent dans le football un moyen d'échapper à leur quotidien, sous l'égide de leur mentor Pierre Geoffroy et des dirigeants rémois tombés secrètement amoureux de leurs protégées depuis que l'équipe masculine est sur le déclin. En 1975 à Reims, les filles inscrivent alors une première ligne officielle au palmarès.
Après une première phase aisément franchie par Reims (3 victoires, 22 buts pour, 1 but contre), en quart de finale, les Rémoises continuent leur sans-faute et sortent Metz (2-1, 5-0) avant de faire tomber le FC Rouen en demi (2-0, 2-1). Le parcours d'Orléans sera plus difficile. La première phase s'achève par un bilan mitigé (1 victoire, 1 nul et 1 défaite, 13 buts pour et 15 contre !). Mais en élimination directe, les Orléanaises vont sortir Caluire (2-2, 1-0) puis Bergerac (1-1, 2-1) qui les avait sèchement battu 9-3 en début de saison.
Mais la finale sera à sens unique, face à des Rémoises qui imposaient d'entrée un rythme élevé. Le collectif bien huilé mettait à mal des Orléanaises courageuses mais dépassées. Un tir de Dewulf, une reprise de l'Irlandaise O'Brien, une autre de Thomas puis une nouvelle réalisation de Dewulf portait le score à 4-0 à la pause. La seconde période était gérée par les Champenoises devant leur public. La virevoltante Michèle Wolf inscrivait le cinquième but.
Archives consultées France Football, L'Equipe
Après une première phase aisément franchie par Reims (3 victoires, 22 buts pour, 1 but contre), en quart de finale, les Rémoises continuent leur sans-faute et sortent Metz (2-1, 5-0) avant de faire tomber le FC Rouen en demi (2-0, 2-1). Le parcours d'Orléans sera plus difficile. La première phase s'achève par un bilan mitigé (1 victoire, 1 nul et 1 défaite, 13 buts pour et 15 contre !). Mais en élimination directe, les Orléanaises vont sortir Caluire (2-2, 1-0) puis Bergerac (1-1, 2-1) qui les avait sèchement battu 9-3 en début de saison.
Mais la finale sera à sens unique, face à des Rémoises qui imposaient d'entrée un rythme élevé. Le collectif bien huilé mettait à mal des Orléanaises courageuses mais dépassées. Un tir de Dewulf, une reprise de l'Irlandaise O'Brien, une autre de Thomas puis une nouvelle réalisation de Dewulf portait le score à 4-0 à la pause. La seconde période était gérée par les Champenoises devant leur public. La virevoltante Michèle Wolf inscrivait le cinquième but.
Archives consultées France Football, L'Equipe
Championnat de France féminin - Finale
Samedi 31 mai 1975
STADE DE REIMS - ARAGO ORLEANS : 5-0 (4-0)
Reims (Stade Auguste Delaune)
Temps frais - Terrain bon
Spectateurs : 3 000
Arbitre : Jean-Marie Meeus
Buts : Dominique DEWULF 13', 25', Anne O'BRIEN 15', Marie-Bernadette THOMAS 20', Michèle WOLF 64'
REIMS : Marie-Louise Butzig ; Renée Delahaye, Ghislaine Souef, Patricia Mousel, Marie-France Courtois ; Betty Goret (Claudine Dié), Dominique Dewulf ; Véronique Roy (Nadine Juillard), Michèle Wolf, Anne O'Brien, Marie-Bernadette Thomas (Isabelle Musset). Entr.: Geoffroy
ORLEANS : Ranoul ; Baricault, Simon, Descamps, Michèle Christophe ; Abolivier (Monique Casella), Romero (Thauvin) ; Cobret, Goury (Monique Templier), Isabelle Ledu, Maryse Casella. Entr.: Ranoul
Samedi 31 mai 1975
STADE DE REIMS - ARAGO ORLEANS : 5-0 (4-0)
Reims (Stade Auguste Delaune)
Temps frais - Terrain bon
Spectateurs : 3 000
Arbitre : Jean-Marie Meeus
Buts : Dominique DEWULF 13', 25', Anne O'BRIEN 15', Marie-Bernadette THOMAS 20', Michèle WOLF 64'
REIMS : Marie-Louise Butzig ; Renée Delahaye, Ghislaine Souef, Patricia Mousel, Marie-France Courtois ; Betty Goret (Claudine Dié), Dominique Dewulf ; Véronique Roy (Nadine Juillard), Michèle Wolf, Anne O'Brien, Marie-Bernadette Thomas (Isabelle Musset). Entr.: Geoffroy
ORLEANS : Ranoul ; Baricault, Simon, Descamps, Michèle Christophe ; Abolivier (Monique Casella), Romero (Thauvin) ; Cobret, Goury (Monique Templier), Isabelle Ledu, Maryse Casella. Entr.: Ranoul